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La pêche sportive en mer
 
 
Jeudi 13 janvier
Cette carangue est mon oeuvre, j'en interdis toute diffusion ou publication !

Unia

(le grand chef Tara, celui qui m'a donné l'autorisation de pêcher ici, vient de mourir juste après Noël. Lorsque les cérémonies de deuil seront terminées, il me faudra prendre contact avec son successeur, sans doute son fils, le père de Grégory, l'un des 2 kanaks avec qui j'ai pêchés)

Départ 05h00 de Nouméa avec Nicolas. Une petite pluie fine, très agréable sous les tropiques lorsqu'il fait déjà 27 °C au lever du jour, nous accompagne tout le long de la route. Mais l'incertitude est grande car le premier cyclone de la saison vient de longer les côtes de la Nouvelle-Calédonie (à 500 km tout de même), apportant beaucoup beaucoup de pluie ! Nous ne sommes plus en état de sècheresse, c'est sûr ! Les sols sont tellement détrempés que j'ai même réussi à finir mon énorme trou dans la pierre bleue (sorte de calcopyrite) du jardin, à grands coups de baramine, en seulement 2 jours alors qu'en plus d'un mois, je n'en avais pas tombé le dizième ! Bref, il pleut peu mais il a beaucoup plu, comment sera la mer ? Les rivières sont toutes en cru, elles doivent l'avoir teintée sur plusieurs kilomètres ? Peut-être même tout le lagon ? Le cyclone a peut-être généré de la houle ? Réussirons-nous seulement à atteindre la mise à l'eau ? La météo a prévu du beau temps sur la zone où nous allons, mais jusqu'à présent, ce n'est qu'un ciel bas lourdement chargé en nuage que nous rencontrons. Arrivés en haut de la côte de Yaté, là où le point de vue sur la mer est superbe, un début de réponse arrive : C'est "relativement" dégagé. Le manque de luminosité nous empêche de voir la couleur de la mer, mais elle ne semble pas "chocolat"...

Une demi heure plus tard, nous voici à la mise à l'eau de Mamié... sous des trombes d'eau ! La visibilité est telle que je ne vois pas le bout du platier à 500 mètres de là ! Dans ces conditions, pas question de sortir ! Nous en profitons pour régler nos freins, en espérant que :

  1. ça se calme
  2. le soleil prévu par la météo se pointe.

Un bon bout de temps plus tard, le grain est passé, mais la pluie fine est toujours là et le ciel n'est toujours pas dégagé ! Et aussi loin que pointe le regard, pas le moindre signe d'une amélioration ! Tant pis, nous y allons, presque un mois que je n'ai pas pêché ! Mais à la place de partir tout droit vers le large et le superbe récif prospecté avec Dominique et son fils, nous partons vers le petit récif qui marque le début de la Côte Oublée.

La mer est assez calme mais nous sommes secoués par une houle d'Est et un clapot croisé (dû au récif évoqué plus haut), je file plus au large que nécessaire pour ne pas se faire trop remuer. Mais à perte de vue, horreur, elle est teintée ! En arrivant au récif, je mets la canne de jig en traîne (elle est vendue comme canne de traîne), espérant revivre la sortie faite avec Jean-Michel. Une première touche sans suite dans la passe me met en confiance, trop en confiance car j'en oublie que cette pointe se prolonge loin vers la côte par un platier sous 2 mètres d'eau ! La punition ne tarde pas, j'accroche ! Et avec le frein réglé à 11 kilos (pour le jig bien sûr), la suite est connue, la canne se plie à exploser, le frein ne lâche rien et c'est la casse ! Au ras du premier anneau en plus, donc sur la tresse, donc il va me falloir remonter un bas de ligne pour pouvoir pêcher au jig (qui est devenu "ma" priorité actuelle tellement les possibilités de cette pêche sont fortes). Autre déconvenue, la mer est vraiment très colorée tout le long du récif bien que ce soit le côté à l'abri, mais ce n'est rien par rapport à ce que nous avons rencontré en venant où elle est chocolat au lait. A l'autre pointe, nous mettons quelques coups de ligne, Nicolas au cormoran (il en a fait quelques uns avec plomb en queue, un peu trop déséquilibrés sur l'arrière, mais ils doivent quand même être efficaces... mais il a encore dans son moulinet son nylon de 2 ans ! Mais pourquoi ne se sert-il pas de la tresse que je lui ais donné ?), moi avec le poisson nageur qui m'a rapporté tant de prises (j'ai pris les photos, je les mettrai en ligne bientôt). Pas une touche ! Et la houle nous empêche de vraiment bien prospecter les postes, surtout que c'est une grande marée haute et qu'il est presque impossible de déterminer où commence le récif, même avec les brisants ! Quant aux patates, avec cette eau colorée, elles sont totalement invisibles ! Je propose à Nicolas d'aller de l'autre côté, celui au vent, mais nous ne pêcherons qu'à tour de rôle, le moteur en marche, toujours quelqu'un à la barre pour nous maintenir à une distance de sécurité des déferlantes.

Au départ du trajet, par jeu, il laisse son cormoran traînait ; au moment où il s'apprète à le remonter, je lui demande au contraire de continuer. La raison ? J'avais déjà essayé en Méditérannée mon cormoran à la traîne et j'avais trouvé qu'il était vraiment très pêchant ! Alors, ici où les possibilités de prises sont autrement plus conséquentes, reprendre ce test ne me déplait pas, bien au contraire ! Aujourd'hui, ce côté du récif balayé par les vagues est beaucoup plus intéressant car la mer y est à peine tentée. C'est assez marrant de voir cette longue bande étroite de mer "propre" qui part vers le large, alors que partout tout autour ce n'est que du chocolat ! Cette constatation m'amène aussitôt une réflexion : "Tous les poissons ont dû se regrouper ici, surtout les prédateurs !"... Nicolas me signale un gros remous derrière son cormoran (toujours en traîne. De toute façon, il est impossible de pêcher la bordure à cause des vagues), puis, comme si ce n'était qu'un bébé barra, il m'informe que le poisson est revenu et à bien pris. Immédiatement, je tourne et j'accélère vers le large, cela assurera le ferrage premièrement (je ne l'ai pas vu ferré) et surtout cela augmente considérablement les possibilités de "sortir" le poisson car les fonds y sont très propres, autour de 40 mètres plus bas.

Le combat est très rude (son frein a été réglé à 3 kilos, j'ai estimé que son nylon de merde ne pouvait pas supporter plus), Nico se fait sortir du fil sans arriver à en reprendre en pompant, je l'accompagne au moteur pour éviter de vider la bobine. Sûr que le poisson est très gros, sans doute une de ces ignobilis dont tout pêcheur rêve. Combien de temps cela dure ? Je n'en ai aucune idée, mais je pense que plus d'un quart d'heure s'est écoulé et le poisson est toujours aussi actif ! Je nous vois bien mal barrés, bien que nous soyons maintenant à plus de 100 mètres du récif ! Et sur un nouveau départ, plus rien ! Nicolas remonte rapidement sa ligne pour voir où ça a lâché ? Le cormoran est complètement explosé, l'armature est toute droite et un des triples est légèrement ouvert. J'inspecte l'armature car elle me semble pour le moins bizarre ? Nicolas ne s'est pas embêté, il n'a pas ligaturé les deux brins et n'a même pas mis un coup de cyanolite ! Forcément, ça devait lâcher ! En plus, ses triples ne m'ont pas l'air bien fameux.

Comme le sondeur m'indique plus de 50 mètres, je reste là pour mettre un coup de jig. En dehors d'une petite tape sans suite, rien à signaler. Nicolas a remonté sa ligne, il reprend sa pêche sans trop se poser de question (nous sommes un peu loin du récif à mon avis, seule une chasse justifierait un coup de cormoran ici)... Et me signale, dans la foulée, qu'il vient de voir un remous ! Je mets un coup de moteur pour me rapprocher de l'endroit, puis nous le prospectons, sans succès (j'ai posé le jig pour reprendre le PN)… je reprends le jig. Le temps de faire 1 descente et Nicolas m'averti que le poisson s'est manifesté une nouvelle fois, mais là, je le vois, juste un peu trop loin ! A force de se positionner par petits coups de moteur, j'arrive enfin à "traverser" le cône de vision du poisson, il s'en suit un beau refus (sur mon PN toujours). Le poisson se manifestera encore deux ou trois fois, puis disparaîtra définitivement. Dommage, ce n'était pas un monstre, mais devait bien faire ses 5 kilos. Je ne comprends pas qu'il ne soit pas venu une seule fois sur le cormoran à Nicolas !?!

Nous remettons un coup de traîne, avec un cormoran bien sûr ; pas un des miens puisque je n'en ai plus qu'un que je garde précieusement pour les secteurs à ignobilis, mais un des siens avec l'armature merdique. Si un nouveau poisson prend, reste plus qu'à espérer qu'il soit de taille plus modeste ! Mais en guise de prise, c'est surtout une prise de tête que Nicolas se prend ! Ce cormoran lui vrille le fil horriblement, il est obligé de changer de bobine tellement les perruques sont nombreuses ! J'en profite pour m'éloigner vers le large à la recherche de fonds plus propices au jig.

Je n'ai eu droit qu'à une seconde petite tape sans suite, la mer est de plus en plus teintée, le vent nous fait dériver un peu trop vite, il pleut, je propose à Nicolas de rentrer. Il n'en demandait pas tant car il a attrapé le mal de mer ! La totale ! Le retour est plus "tranquille" que l'aller car la houle a légèrement changé de direction, nous l'avons dans le dos. Quant à la pluie, elle a redoublé d'intensité, si bien que c'est complètement trempé que nous arrivons à la voiture !

 

Dernière modification de cette page : jeudi 27 janvier 2005 à 16:15