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La pêche sportive en mer
 
 
Lundi 1 mai
Cette carangue est mon oeuvre, j'en interdis toute diffusion ou publication !

Prony

Départ à 5h de Nouméa, je suis seul. Je résume les sorties précédentes, toutes à Prony :

  1. Il y a des thons et ils chassent sans vergogne sous nos nez
  2. Impossible d'en attraper un
  3. Et lorsque nous en touchons enfin (sur des poppers), ce sont des monstres => 4 casses + une canne explosée, et pas un poisson à la barque !
  4. Jusqu'à ce que Dominique arrive, avec des leurres "jig à lancer" (ref "Blue Code" chez Maria), et qu'il en fasse 3 (et moi 0, mais deux oiseaux pris dans la tresse, dont un avec hameçon planté dans le ventre !)
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    Le leurre sur le dos du thon est le Blue Code, le poisson du bas est un bossu doré.
  5. Et qu'il remette ça la sortie suivante avec 4 thons et une bonite ; mais cette fois, j'ai sauvé l'honneur avec un thon (profondément entaillé par un requin, j'ai eu de la chance de le sortir malgré tout) et une bonite, pris avec des leurres "Sea Rock" couleur bleu (ce sont aussi des "jigs à lancer") de Reaver2Sea (les Maria sont toujours en rupture).
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    Désolé pour le "tableau", mais si vous avez réussi à faire repartir systématiquement des thons, vous nous donnez la marche à suivre, nous sommes preneurs ! Actuellement, sans les sortir de l'eau, sans même les toucher, un sur dix seulement arrive à repartir... surtout lorsque les requins rodent (entaille sur le premier poisson) !
  6. La sortie de ce samedi 29 avril, avec Kalépo, nous a énormément frustrés ! Je n'ai pas eu une seule touche (en dehors de 2 oiseaux qui se sont emmêlés dans la tresse lors des lancers au milieu des chasses), lui a perdu un poisson (sans doute un thon) sur agrafe ouverte (il manquait le coup de pince pour la sécuriser), puis a cassé sur un beau poisson en tapant les bordures (frein desséré !), et a eu deux autres tapes sans suite dans les chasses.

Le temps est agréable, la météo a prévu un soleil légèrement voilé, pas de pluie, pas de vent, et une houle résiduelle de 2 mètres (donc les récifs se verront, c'est une bonne nouvelle pour la sécurité puisque je suis seul). Arrivé à la mise à l'eau (en fait, je ne l'utilise plus, il y a trop de risque que la barque tape sur les rochers dès que ça bouge, la plage de sable en pente douce, juste à côté, est bien mieux), un léger vent soulève de minuscules vagues au loin, ce qui me fait opter pour un passage improvisé au ras des îles. La zone de pêche que je désire atteindre est assez loin de la mise à l'eau, vers le large, à un ou deux kilomètres de la pointe extrème de l'île Ouen, c'est là où nous sommes venus avec Kalépo en exploration, et le coin m'a semblé très prometteur.

Je suis déjà bien sorti de la rade de Prony lorsque je repère enfin un vol d'oiseaux au loin. Les 3 lancers sont prêts - avec 3 leurres différents - depuis le départ, j'y fonce dessus... Les poissons sont peu nombreux, peu actifs, mais semblent de belle taille. Aucune touche ne viendra couronner mes lancers, quelque soit le leurre utilisé. Presque une heure plus tard, je prends des repères sur la côte pour revenir sur cette zone au cas où il n'y aurait aucune activité ailleurs et je file vers l'endroit initialement prévu...

Avant d'arriver au premier récif, une belle chasse me fait à nouveau changer de direction. Le premier lancer est gagnant, je touche une carangue à boucliers sur un "crotale". Ce poisson n'est pas très combatif, et malgré ses 3 kilos, il est vite rendu. Cette prise est encourageante, mais elle a fait cesser la chasse. Je tourne quelques temps sur la zone, passant de la prospection aux lancers des tombants de récif aux (très timides et sporadiques) chasses, sans plus de succés. La mer est calme, la houle me permet de voir les récifs d'assez loin, j'en profite pour prospecter "large", plus exactement je cherche à retrouver le récif où nous avions pris une vexation monstre avec Kalépo, des milliers de poissons chassant au milieu de nos leurres sans avoir la moindre touche. Lorsque je le retrouve, la zone est vide, les oiseaux sont posés, pas la peine de s'éterniser, je repars sur la position repérée tout à l'heure...

D'assez loin, je vois quelques oiseaux tourbillonnaient, c'est bon signe. Surtout que, même à cette distance, je peux voir les chasses ! La mer étant toujours aussi calme, je fonce, moteur à fond... Chance ! Lorsque j'arrive sur la zone, la chasse continue ! J'en suis encore plus exité ! Au premier lancer, un gros remous se manifeste derrière le tandem (poisson nageur + cuillère Yann) que j'ai monté... Zut, encore un refus ! Mais quelques mètres plus loin, c'est la touche ! Le poisson est gros, très gros, impossible de le contenir ! Il a de violents coups de tête et de puissantes accélérations, tout en maintenant une pression énorme ! Le frein du moulinet hurle, il ne peut empêcher le poisson de sonder en me sortant des dizaines de mètres de tresse ! Je pense à un thon, un gros thon ! Enfin, le poisson marque une pause, sans doute parce qu'il a atteind le fond (je n'ai plus de sondeur). La suite sera plus "homme", je suis obligé de pomper comme un malade pour récupérer mètre après mètre, la canne faisant presque un cercle parfait. Au bout de je ne sais combien de minutes, le poisson arrive enfin dans les couches d'eau superficielle, il me semble reconnaître une carangue, ce qui me surprend car elles ne se promènent que rarement au milieur de nulle part. Un instant plus tard, le poisson est en surface, c'est une carangue noire (Caranx lugubris), donc il est normal qu'elle soit là puisqu'elle fréquente la pleine mer et non les côtes ou récifs.

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Ma première carangue noire ! Je n'avais eu sur ce poisson que des casses jusqu'à ce jour ! Donc je suis heureux !
 
C'est un sacré tandem que j'ai fait là. Le poisson nageur, c'est pour le réalisme (il fait 11 cm, donc la carangue doit faire 1m10) ; l'ondulante (une Yann), c'est pour lancer loin et la nage. Ça nage mal, c'est sûr, mais ce n'est pas très important. Il faut être au bon endroit, au bon moment et avec le truc qu'ils veulent. Tout le reste n'est que de la littérature. Le PN est complètement bloqué, mais l'ondulante fait son effet. La plupart des thons que j'ai pris l'ont été sur des leurres à l'arrêt. Lorsque l'on pêche les chasses sans succès avec tout ce qui traîne dans la boîte, on fini toujours par "innover"... Remarquez les 2 triples à l'avant, ou plutôt ce qu'il en reste !

Je prends quelques photos du poisson, sans le sortir de l'eau pour ne pas le blesser, puis le libère. Il ne tarde pas à repartir, me laissant seul avec mes émotions... Les chasses ont repris, à une centaine de mètres de là. Je les rejoins, lance au milieu... pas de résultat, si ce n'est l'arrêt de la chasse... Qui reprend quelques centaines de mètres plus loin, que je rejoins aussitôt... Et à ce petit jeu, à force de persévérance et d'obstination, à passer tous les leurres "spécial chasse" en ma possession, je touche un beau poisson... qui se décroche presque aussitôt. Dommage, je suis sûr que c'était un thon.

Les chasses finissent par disparaître, j'en profite pour ranger la barque, je mange un peu, je bois... j'essaye d'oublier pour retrouver la concentration nécessaire à la pêche. Ce temps de repos n'y a rien changé, la mer est toujours vide. Aussi, je repars vers la zone où j'ai touché la carangue à bouclier, nous verrons bien si les prédateurs y sont redevenus actifs en surface...

Pour être redevenus actifs, ils le sont redevenus ! Il y a longtemps que je n'avais pas vu un spectacle pareil : Dans la partie abritée du récif, sur une surface assez limitée, disons un demi terrain de tennis, les gueules prédatrices se touchaient. Et au dessus, un "mur" d'oiseaux sur plusieurs mètres de hauteur ! Incroyable ! Mon premier lancer, volontairement à quelques mètres à côté pour éviter les oiseaux, sera ponctué d'une touche sans suite... et de l'arrêt immédiat de la chasse ! Elle reprend quelques dizaines de mètres plus loin, toujours à portée de lancer. Le second passage me permet de toucher un poisson, bien combatif, mais rien à voir avec la carangue noire ou un thon. Il est vite rendu, c'est une belle orphie crocodile, prise par le milieu du dos en plus.

La chasse a repris, elle est maintenant à la pointe du récif. Je la rejoins d'un coup de moteur, tout aussi excité que les poissons. Le premier lancer est ponctué d'un énorme remous, d'une masse noire qui suis... et d'une touche lourde. Et c'est là, une fois ce monstre pendu, que je réalise que je suis... au milieu du corail !!! Le combat commence dans moins de deux mètres d'eau, il me faut absolument empêcher le poisson de sonder, sinon la tresse risque de toucher un bloc et casser immédiatement ! J'ai tiré comme un fou, j'ai vu le poisson - à la forme, c'est à nouveau une carangue - se tourner plusieurs fois sur le flanc juste sous la barque, c'était magnifique. Chance quand même, la houle et le très léger petit vent m'éloignent du récif, mais c'est surtout la carangue qui me tire maintenant ! Et quelques secondes plus tard, je ne vois plus que le grand bleu sous moi. La carangue a profondément sondé, elle me remorque tout en puissance. Je ne suis pas pressé, là où nous sommes, nous ne risquons pratiquement plus rien (si ce n'est un requin), donc je la laisse faire. Sa défense n'a rien à voir avec celle de la carangue noire, il n'y a que la puissance, pas de coups de tête, pas d'accélérations, pas de départs létaraux (à cette profondeur, je ne pense pas que je les aurai perçus), rien que le sentiment d'être attelé à une locomotive qui va tranquillement son chemin... Bon, c'est bien beau, mais c'est vite lassant, surtout que la chasse est toujours aussi active. Je commence donc à pomper, mais avec modération car je suis sûr que toute la ligne a trés souffert des premiers instants du combat où j'avais réussi à bloquer le poisson. Donc, je commence à pomper, mais chaque relevé de canne n'est accompagné que du chant du frein, je ne récupère rien ! Il me faut durcir le frein si je veux remonter le poisson vers la surface, avec la certitude que je vais fleurter avec la limite de la rupture, et sans connaître celle-ci ! Tant pis, il faut y aller ; mais au lieu de toucher au frein, je bloque "tout en douceur" la bobine avec la paume de la main. Je réussi ainsi à grignoter centimètre par centimètre, puis des mètres, comme si le poisson, bizarrement, avait finalement renoncé à lutter. Et quelques instants plus tard, une superbe carangue ignobilis s'étale à la surface de la mer devant moi.

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Cette ignobilis me semble être de la même taille que la carangue noire, c'est à dire 10 à 12 kilos, et pourtant, que mon dos a souffert ! Je l'ai prise sur un "crotale", leurre très voisin de mon "cormoran". Si vous êtes amateur de pêche de surface, il doit être présent dans vos boites tant son action plaît aux carnassiers.

Quelques photos plus tard, je la libère, mais elle a beaucoup de mal à repartir ; et comme elle plonge vers les profondeurs, je ne sais pas si elle s'en est tirée. Je jette un oeil : La chasse continue ! Elle est à nouveau dans la partie abritée du récif, j'aurai le temps de prendre une nouvelle carangue bouclier, mais plus petite que la première. Et comme la fois précédente, les intrusions de mes leurres ont fini par faire arriver les prédateurs à la pointe du récif. Ce coup-ci, je me place en face du tombant, et je balance mon popper (le crotale est éclaté, il coule, et j'ai changé de canne, la tresse avait vraiment beaucoup souffert dans les 5 premiers mètres) au milieu de la mêlée. Le résultat est immédiat : grosse touche ! Le poisson se décroche au ferrage, mais au moment où je reprends l'animation, ce sont 3 grosses carangues qui se disputent le popper ! Le combat sera absolument identique à la première, style locomotive, j'ai mal au dos, je regrette d'avoir ferré (et d'être seul)... mais qui résiste à ce genre de pulsions !?! Seules différences :

  1. je suis sûr que la tresse n'a pas pu toucher le corail,
  2. je suis avec la canne 150-300 grammes
Résultat : le combat a été bien plus expéditif !

Sitôt relachée, je retourne au tombant de la pointe car la chasse continue !!! C'est la première fois que je vois une chasse durer si longtemps ! Très certainement, ce sont des vagues de prédateurs de différentes espèces qui se succèdent sur les poissons fourages massés là. Je reprends un petit jig à lancer, histoire de ne pas provoquer à nouveau l'attaque d'une des ignobilis. Au premier passage, j'ai une touche, le combat est bien (tout est relatif, mais comme je ne voulais pas me remettre une couche dans le mal de dos, j'ai trouvé la défense de ce poisson très bien), et c'est une carangue commune de 3 kilos qui vient bientôt montrer les croix de sa robe en surface.

Le crotale a une nage qui me plaît beaucoup, technique et varié, et malgré l'état du seul qui me reste, et comme je veux toujours m'éviter un nouveau tête à tête avec une ignibilis (donc, pas de popper !), je le reprends bien qu'il coule à la vitesse grand V. J'arrive, en maintenant la canne haute et sans lancer très loin, à l'animer correctement... je suis sûr que l'attaque ne va pas tarder, ce leurre est trop tentant... Et que croyez-vous qu'il advint ? C'est une autre ignobilis qui attaqua ! Pourtant, j'avais lancé à plus de 20 mètres vers le large. Je dois reconnaître avoir cherché à lui faire entendre raison rapidement, et ça c'est terminé assez vite par l'agrafe toute droite (vendue pour 52 kilos ! ) et le crotale perdu.

Ce dernier combat m'a achevé, je rentre. Sur le chemin du retour, je pêche toutes les chasses, espérant toujours toucher un thon. Je n'aurai droit qu'à une nouvelle petite carangue bouclier... mais quelle journée !

 

Dernière modification de cette page : mardi 16 mai 2006 à 19:59