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La pêche sportive en mer
 
 
Mercredi 27 décembre
Cette carangue est mon oeuvre, j'en interdis toute diffusion ou publication !

Prony

Lever à 3 heures, toujours pour la même raison : essayer de pêcher avant que le vent ne se lève. Vivement que l'effet "El Niño" disparaisse ! J'ai pu préparer la barque et le matériel la veille, je réussi à partir à 3h30... J'arrive à la mise à l'eau une grosse heure plus tard, la mer est à peine ridée par une légère brise, pas de quoi m'affoler... Direction immédiate => le large. L'objectif du jour => les thons, les thazards (c'est une sortie "alimentaire", les beaux parents sont là) et la prospection de deux hauts-fonds repérés lors des sorties précédentes... Juste avant le passage devant le phare, je marque une pose pour essayer de repérer quelques chasses => rien, pas le moindre signe. Il y a bien quelques oiseaux, mais ils volent en ordre dispersé, un peu dans toutes les directions => ils ne me sont d'aucune aide. Je mets le sondeur en route => il reste noir !?! Je titille les fils de la batterie (rechargée la veille) => rien à faire, il reste éteind (à la maison, après plusieurs tests, je constaterai que c'est la batterie qui est HS). Il est déjà 5h00, j'en profite pour prendre cette photo :

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C'est quand même plus agréable, plus joli, que le ceil bas et la pluie...

Je continue vers le large... Je vois enfin, au loin, quelques oiseaux rassemblés ; mais une fois sur la zone, les poissons, sans doute des bonites, ne tiennent pas en place, impossible de bien me positionner et donc de bien pêcher. Au bout d'un certain nombre de poursuites, toutes aussi infructueuses, j'arrive à voir à qui j'ai à faire, ce ne sont que des petits poissons (autour du kilo), aucun intérêt... Le vent étant négligable, je continue vers les récifs... Un gros remous me fera marquer une nouvelle pose, mais les 4 ou 5 lancers ne donnent rien (j'ai monté un "Blue Code" de chez Maria)... Reprise de la navigation vers les récifs... Pas bien longtemps, car quelques gros remous blancs captent mon attention au loin sur la droite. J'y vais aussitôt... À mon arrivée, les poissons, peu nonmbreux mais gros il me semble, sont toujours là, et c'est plein d'espoir que je lance un peu en amont du dernier remous vu... Les premiers mètres de récupération ne donnant rien, je m'interroge : "C'est bizarre, d'habitude, j'ai toujours soit un suivi, soit une touche au premier lancer sur les gros poissons ! Et là, rien !?!"... C'est juste à ce moment là qu'un gros remous explose la surface dans la trajectoire du leurre (le "Blue Code" coule, il s'anime par des ferrages latéraux avec récupération ultra-rapide de la tresse. Il nage donc en dents de scie juste sous la surface). Dans l'instant qui suit, une violente touche me confirme que c'est bien mon leurre qui vient d'être attaqué. Le ferrage est inutile puisqu'il est compris dans l'animation, le poisson sonde déjà, pliant la canne et faisant chanter le frein du moulinet (réglé pas trop dur pour ne pas casser sur ce premier départ fulgurant). Je ne cherche pas à l'arrêter, je me contente de "résister", faisant confiance au frein et attendant que le poisson atteigne le fond (entre 50 et 70 mètres dans cette partie du lagon) pour commencer les hostilités. La suite est classique, les départs lourds et puissants du poisson répondent à mes efforts pour le décoller du fond... mais j'y arrive. Le reste n'est plus qu'une question de rapidité et de puissance, l'objectif étant de le ramener au plus vite en surface, avant que les requins ne se soient décidés à passer à table avec cette proie si facile et si nourissante ! Quelques minutes plus tard, je vois ma prise, c'est un beau thon jaune. Bien que ne saignant pas, je le garde, mes beaux-parents sont là, je vais les régaler (surtout la belle-mère, car je vois mal le beau-père essayer de manger du poisson cru). Il est 6h10, "mon" thon fait 6,5 kilos sur le peson, je suis heureux ! Depuis que je l'attendais !

Le temps de ranger un peu (un des triples du leurre est planté dans le gilet de sauvetage), de serrer le noeud coulant à la queue du poisson, de le passer par dessus bord, puis de le saigner... et je suis prêt à recommencer, surtout qu'au début du combat, j'ai vu d'autres remous crevés la surface dans la zone... Mais plus rien ne se manifeste à la surface de la mer, les quelques lancers confirment que les poissons sont partis ailleurs. Je rentre le thon et le dépose dans le grand sac avec un premier bloc de glace, puis je remets le moteur pour aller tourner autour du récif que je vois au loin... Petite parenthèse pour mettre fin à une légende : tout le sang que le thon a perdu, et il en a perdu beaucoup, n'a pas attiré un seul requin ! Et d'ailleurs, je n'ai jamais vu un requin s'approchait de la barque pendant que je saignais un poisson. Les seules fois où j'en ai vus, ils avaient suivi un poisson lors du combat ; et même dans ces cas là, ils restent à une bonne dizaine de mètres pour identifier si la barque est un danger ou pas ! Si vous restez plusieurs minutes au même endroit, avec des poissons qui se débattent (plus attirants, à mon avis, que les poissons qui saignent), ils viendront plus près, c'est sûr ; ils finiront même par oser mettre un coup de museau pour mieux juger de cet intrus. Tout ça pour dire que les requins sont hyper craintifs, qu'ils ne s'approchent de l'homme que si l'homme leur fourni à manger (volontairement ou pas), et que si nous sommes prudents, nous ne risquons strictement rien à les cotoyer ! Ce ne sont pas quelques litres de sang déversés dans l'immensité océane à un instant donné qui déclencheront une histérie meurtrière, mais c'est sûr, ça les attirent ! Pour arriver à ce qu'ils n'aient plus peur de l'homme, il faut vraiment les habituer, et à un nourrissage régulier, et aux embarquations !

J'arrive sur le récif, je le prospecte d'abord au lancer => pas la moindre touche. Je passe à la traîne => rien non plus. Il y a quand même un problème, je ne reconnais pas le coin !?! Je passe de longue minutes à chercher les deux hauts-fonds, sans succès. C'est pourtant la prospection "en profondeur" de ces deux hauts-fonds le but de cette sortie. Le GPS ne va pas tarder à être sur la liste du père Noel ! Mais il me faut me rendre à l'évidence, je ne suis pas là où je crois être ! Une intense réflexion plus tard m'amène à la conclusion que je suis sur le récif où j'avais touché les carangues ignobilis les unes derrière les autres. Fort de ce constat, je remets le moteur et remonte vers l'île, à la recherche de nouvelles chasses... Une grosse heure se passe, je ne vois rien, le lagon est vraiment désert, j'ai eu finalement beaucoup de chance avec mon thon ! Et les quelques oiseaux qui volent au loin semblent aussi dubitatifs que moi... Je reprends la direction du phare de la baie de Prony, peut-être que les poissons y sont en activité ? ... Mais 5 minutes de navigation plus tard, mon envie de prospection du "bon" récif reprend le dessus, je fais à nouveau demi-tour et je repars vers le large, avec la ferme intention de me positioner en respectant les amers cette fois...

Je vois le récif, enfin ! Je m'étais trompé lourdement, il est vraimant plus au large ! Il y a plein d'oiseaux qui tournent à sa pointe ! Me voici à nouveau plein d'entrain. Je positionne la barque correctement et je pêche sous les oiseaux : rien. Comme ils sont trop sur le récif, je ne peux pas pêcher correctement sous peine d'y laisser ma boîte de leurres ! De plus, je ne vois pas les chasses ! Cela ne sert à rien de continuer au lancer, je passe à la traîne pour prospecter tout le tombant, et surtout les deux hauts-fonds de la partie ouest de ce récif, comme je l'avais initialemebt prévu... Je mets à l'eau les deux cannes à 500 mètres à peu près de la pointe où les oiseaux tournaient tout à l'heure et je traîne vers cette pointe... Le vent s'est un peu levé, il pousse vers le récif, ce sera difficile de sortir un gros poisson sans prendre de gros risques... À une avancée corallienne, à quelques dizaines de mètres de la pointe, alors que je n'y croyais plus, un des deux moulinets s'emballent ! J'y réponds par une accélération (pour ferrer), puis me voilà bien dans l'embarras :

C'est bien sûr la seconde solution que je choisi, tant pis pour la sportivité. Finalement, ce n'était qu'un thazard de 3,5 kilos, l'affaire est vite réglée (je le garde aussi). Il est 08h10. Me voici au secteur des deux hauts-fonds. Je le pêcherai - à la traîne - dans tous les sens => rien. Je laisse tomber la traîne et passe au lancer => rien non plus! Je suis sacrément déçu, le coin est si beau ! Je rejoins l'intérieur du récif d'un coup de moteur et prospecte les massifs de coraux, toujours au lancer => rien... sauf que je découvre une des raisons de ce "vide" => un groupe de dauphins ! Ils sont eux aussi à l'intérieur du récif, et comme à chaque fois, leur présence cloue le bec à toute la gent aquatique. Comme le vent s'est bien levé, je ne m'attarde pas et je reprends le chemin du retour...

J'arrive au phare trempé jusqu'aux os, je profite de son abri pour me réchauffer au soleil (en prospectant son platier au lancer) => rien. Une petite visite au fond de la baie Est pour voir si les bonites, les saumonées et bossus dorés sont là => rien... Je rentre à Nouméa, il n'est même pas 11h00, mais je suis content, grâce à mon thon :

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Le thon est tout rond, une vraie goutte d'eau, et même s'il est de la même longueur que le thazard, il fait 6,5 kilos, l'autre 3,5 kilos seulement.

Nous nous sommes régalés, surtout la belle mère et moi. Nous avons commencé par un comparatif thon et thazard cru, avec 3 "assaisonements" au choix :

  1. fleur de sel de Guérande
  2. sauce soja, miel et citron
  3. vinaigre, câpres, cornichons, herbes de Provence, le tout mixé puis mélangé à du ketchup et de la mayonnaise
C'est le thon qui a remporté les suffrages, et le sel de Guérande est bien le meilleur moyen de donner toute sa saveur à un aliment.

Le lendemain, nous sommes passés au cuit. J'ai commencé par émietter les chairs pour ne garder que le "fondant" (c'est surtout le thazard qui est plein de fibres blanches, sans doute des tendons), puis je les ai fait cuire séparément dans une grande poelle, juste le temps que la couleur passe du rose/rouge au blanc, et je les ai servis parsemés de fleur de sel de Guérande => le thazard écrase le thon ! Un vrai délice ! Le 31 décembre, le reste du thazard - que j'avais congelé - a été préparé de la même façon, puis mangé accompagné d'une batavia au vinaigre de framboise => je ne vous dis rien ;-)

 

Dernière modification de cette page : mardi 20 février 2007 à 14:52