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La pêche sportive en mer
 
 
Samedi 28 octobre
Cette carangue est mon oeuvre, j'en interdis toute diffusion ou publication !

Prony

3h30 : le reveil me sort du lit. La météo a prévu très peu de vent pour la matinée, avec renforcement sensible pour l'après-midi (j'aime bien ce "sensible", il laisse généralement augurer des conditions de pêche très difficiles, voire risquées). Donc je me lève tôt pour en profiter un peu, depuis le temps que je suis cloué à terre par le vent, occupant mes WE dans les travaux de la maison. Comme je n'ai rien préparé (sauf la batterie du sondeur mise à recharger une heure hier soir), le temps de tout charger, d'équiper la barque, de la sangler... je pars à 4h30, je suis seul.

5h30, mise à l'eau... Pas un souffle de vent, ciel couvert, tous les signes d'une journée superbe. Aussi, je ne m'attarde pas, je fonce même... et je plante profondément la rame dans la vase en poussant ! Le temps de décoincer l'autre sous tout le matos, de faire demi-tour, de la récupérer, j'ai bien dû perdre 5 minutes... et la moitié de la patience qui me restait !

Je passe devant le phare vers 6h00, la mer est "correcte" (calme serait très exagéré), je continue vers le Nord Est (toujours cette nécessité de partir vent de face pour revenir vent de dos lorsqu'il se lèvera, car il se lèvera !), oeil sur le sondeur, à la recherche d'un premier haut-fond marquant le début de la zone corallienne. J'ai mis l'alarme du sondeur sur des fonds de 20 mètres, mais je ne l'entendrai pas (mon problème de surdité + le bruit du moteur), c'est à la couleur de l'eau que je repère le premier récif. Je monte un gros shad chartreuse sur ma canne de jig et je tente une première dérive... immédiatement stoppée car je suis déjà par 40 mètres d'eau ! Le plomb sabot devrait être 5 fois plus conséquent pour être efficace à cette profondeur ! Un coup de moteur pour me repositionner (en me faisant un peu mouiller car le vent commence à se lever), nouvelle dérive tout aussi "trop rapide". J'arrête le jig, j'équipe un des lancers d'un PN... un coup de moteur pour rejoindre la tête du récif... Si j'arrive à lancer, la tresse, emportée par le vent (c'est le genre de conditions où le nylon lui est supérieur), a un ventre énorme, je mouline plus pour l'absorber que pour animer le leurre ! Et trop dur de garder le contrôle en étant sans cesse déséquilibré. J'insiste quand même... Mais après avoir manqué un poisson (impossible de ferrer), je laisse tomber. En fait, aujourd'hui, sur cette zone de la côte Sud Est, il pleut et il fait soleil. La différence de température et de pression entre les zones arrosées et les autres provoquent un appel d'air... et je suis entre deux grains !

Je mets le ciré pour m'éloigner de là, il est déjà 7h30 ! Le clapot ne m'autorise qu'une allure réduite, j'en profite pour faire la route en traîne, on ne sait jamais, en remontant au vent vers la gauche de l'îlot (toujours cette "obligation" de revenir vent arrière, des fois que le vent devienne bien plus fort, obligeant à prendre la "fuite"). À la pointe du récif, je repique un peu vers la gauche pour le suivre, puis je continue vers l'îlot, oeil sur le sondeur. Quelques dizaines de mètres plus loin, nouveau coup de barre à droite à cause d'un haut-fond imprévu. Je décide alors de passer à droite de l'îlot, bien qu'il me soit très difficile de voir le récif qui le range à cause de la faible luminosité et surtout du platier qui arrête les vagues, mais ce secteur, je le connais... Ce n'est que vers 100 mètres que je le localise enfin. Je modifie un peu ma route (trop à gauche)... Touche ! Coup d'accélérateur sur 20 mètres pour ferrer, il y a 60 mètres d'eau, le vent me pousse vers le grand bleu, je suis tranquille, aucun risque, je ne remonte même pas l'autre canne. Le poisson n'offre que peu de résistance, je n'ai droit qu'à un seul départ vers le fond, le reste du temps je treuille une masse, l'impression qu'un requin s'est servi et qu'il ne me reste plus qu'un morceau du poisson qui a mordu... et non, il n'en est rien, c'est un thazard, un beau même. Je m'y reprends à trois fois pour le gaffer sous la mâchoire, non pas que le poisson bouge (il saigne énormément, il baigne dans un "nuage" rouge !), mais le clapot est infect ! J'y arrive enfin et je le hisse sur le tableau avant. Le temps de le décrocher à la pince (le triple arrière lui a charcuté l'opercule sur 5 bons centimètres, le triple avant est planté dans la partie dure de la mâchoire), il est mort, et le tableau est rouge de sang, une vraie boucherie (j'ai pas osé la photo). Bref, je le nettoie avec soin (ainsi que la barque), je fais quelques photos, je le pèse (8 kilos) et je le glisse dans le grand sac avec les blocs de glace... puis je démèle de l'hélice le dacron de la seconde canne (il y a fait plusieurs tours), toujours un moment "assez délicat", tête en bas au-dessus de l'eau.

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J'étais seul, ça bougeait pas mal, difficille de faire des photos, c'est la moins ratée...

Fort de ce succès, je laisse tomber la traîne, je rejoins d'un coup de moteur le tombant de l'îlot et j'attaque sa prospection au lancer, à l'abri du platier. J'ai mis un beau popper, espérant faire venir les thazards de loin, puisqu'ils sont toujours en banc et que celui que je viens de prendre n'était qu'à une centaine de mètres de là... Les dérives se suivent (le vent force !) sans la moindre montée. Enfin, presque au bout du tombant, à quelques mètres de l'endroit où je viens de prendre le thazard, une petite orphie fait un joli saut hors de l'eau en pointant vers mon leurre... mais la touche qui s'en suit est tout autre. Le poisson a pris en venant vers moi, je récupère le mou visuellement, sans chercher le contact avec le poisson, et je ferre. Un remous me répond, je prends contact avec le poisson pour le brider aussitôt loin du corail => la réponse est un départ fulgurant vers le platier !!! S'il y arrive, la tresse est morte ! Malheureusement pour moi, impossible de l'arrêter, il tire trop fort ! C'est la casse, suivie aussitôt d'un superbe saut en longueur à plus d'un mètre de haut d'un barracuda de 1m20 ! L'image était superbe ! Le poisson était gros, c'est sûr, mais j'en ai sorti des plus gros que ça. Le tout est qu'il fasse le premier départ, celui impossible à arrêter, dans la bonne direction. Cela n'a pas été le cas, tant pis.

De dépit, je reprends la traîne... Je commense bien entendu par le secteur où j'ai touché le thazard, puis je fais le tour de l'îlot... À sa pointe opposée, j'ai une nouvelle touche. À cause de la dérive probable, je suis obligé de "traîner" le poisson sur au moins 200 mètres pour ne pas me retrouver dans le récif lorsque j'arrêterai le moteur. Il se laisse très rapidement faire, ce n'est donc pas un gros. La première chose à laquelle je m'attelle, c'est la récupération de l'autre ligne pour ne pas "revivre" le démélage de tout à l'heure. De plus, j'ai mis deux leurres coulants et il n'y a que 20 mètres d'eau. Ce qui ne semblait au départ qu'une formalité se transforme vite en vraie galère ! En effet, la poignée tourne dans le vide, conséquence des gros bras qui ont trop forcé sans pomper, je suis obligé de récupérer la tresse à la main, en vrac dans la barque... Cela dure une éternité ! Enfin, je peux me saisir de l'autre canne. À la prise de contact, un thazard saute à 50 mètres de là... et se décroche. Il n'était pas énorme, 4 à 5 kilos, mais j'avoue que cela m'a fortement contrarié. Bon, reste plus qu'à faire le grand ménage, c'est à dire démêler la tresse pour la remettre dans le moulinet, en tournant avec... la manivelle en étoile du frein. Comme le vent s'est bien levé, ça bouge beaucoup et j'ai presque le mal de mer... De fait, cela va me prendre un temps fou, usant le peu de patience qu'il me restait... mais j'y arrive !

Je décide alors de rentrer me mettre à l'abri dans la baie de Prony pour "récupérer" ; mais avant, un dernier coup de traîne... Alors que je lâche le fil de la canne (l'autre est bien entendue HS) tout en longeant le récif, je m'aperçois qu'un bateau de pêcheurs professionnels, à la traîne eux aussi (ils sont deux à bord, le pont est occupé par une énorme glacière) a décidé de faire exactement la même chose ! Ma route est coupée, d'un côté le récif, de l'autre leurs lignes (ça, je m'en fous... mais après, si une me bloque l'hélice, je fais comment pour rentrer !?!) ! Soit je coupe le moteur et j'attends qu'ils soient partis, soit je passe entre eux et le récif ! C'est cette option que je choisi, bien qu'il ne doit pas y avoir 20 mètres pour passer ! Une fois engagé, il ne me reste plus qu'à continuer, et à la même vitesse car il y a trop de clapot pour aller plus vite, et impossible de faire demi-tour (à cause de leurs lignes) ou de stopper le moteur (dérive aussitôt dans le récif, sans parler de la perte du leurre). J'ai beau gueulé, ils n'en ont rien à faire. En fait, c'est bien fait pour ma pomme, je sais très bien que les pros, lorsqu'ils sont au boulot, n'ont aucune "tolérance" pour les "plaisanciers"... surtout que, comme nous, ils ont été cloués à terre par ce vent pendant de nombreux jours ! Pendant de longues minutes, je suis très mal à l'aise, avec la barque qui se prend les vagues de face, à la limite du chavirage  ! Enfin, à la pointe où je viens de décrocher le thazard, ils tournent beaucoup plus large que moi, me laissant suffisamment de place pour manoeuvrer !!! Il était temps ! Je fais aussitôt demi-tour... J'ai quelques mètres plus loin une nouvelle touche, sans suite, toujours à la pointe. Le bateau des pros a du toucher quelque chose lui aussi car ils sont restés de longues minutes au même endroit.

Je rentre à la traîne car le vent a bien forcé et je suis obligé d'avancer à allure réduite ; alors, autant en profiter... Rien, ce qui n'est pas étonnant, mais que c'est long ! 13h00 : Je m'arrête sur la plage habituelle, derrière le phare, pour souffler un peu, manger et refaire mon bas de ligne... Quelques coup de popper devant la plage (j'ai mis un "moyen"), sur les zones à loche... rien. Direction le fond de la baie au petit îlet où nous avions fait pêche le 7 octobre avec Pierrick... rien. Sauf que... les bonites ! Les bonites sont de retour ! Au début, je ne voyais que des petits poissons (je pensais que c'était des "maquereaux locaux"), donc elles ne m'ont pas intéressé plus que ça... jusqu'à ce que, lors d'une dérive, je me retrouve au milieu du banc. Là, j'ai aussitôt changé d'avis ! J'ai monté les leurres "spéciaux", je les courserai pendant une bonne heure, une est venue voir sur un lancer (gros remous), et c'est tout. Mais si elles sont là, les thons vont suivre !

J'arrête à 15h30, assez déçu de ma sortie. En plus, à cause de la pluie, pas question de mettre ma cagoule => j'ai droit à un superbe coup de soleil sur chaque joue !

Du thazard, les 5 tranches que j'ai gardées étaient excellentes (même pas 1 cm d'épaisseur, juste saisies des 2 côtés, l'intérieur presque cru, un peu de sel...), nous nous sommes régalés avec mon épouse (le reste a été donné à la communauté wallisienne). C'est la première année que j'apprécie ce poisson. Avant, je le faisais "trop" cuire et il était trop sec. Tout le monde me disait se régaler avec, je n'y comprenais rien. Je faisais juste des tranches trop épaisses...

 

Dernière modification de cette page : vendredi 03 novembre 2006 à 10:58