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La météo a prévu au minimum 10 noeuds de vent, montant jusqu'à 20 noeuds. Je tente quand même, mais il faut y aller très tôt pour pêcher avant que le vent ne se lève... Le réveil sonne à 3h00... En regardant par la fenêtre, je vois que le vent ne s'est pas arrêté de la nuit ! Zut de zut ! 3h45, me voici devant le garage, barque attelée et matériels chargés, je m'apprête à rejoindre Pierrick qui m'attend à la piscine municipale... 3 mètres seulement plus loin, je descends de la voiture, en fais le tour... j'ai crevé sur la roue avant droite !!! GGGRRRRRRR ! La journée commence mal ! Et c'est la pleine lune, période propice pour la pêche de nuit, mais pas très favorable à celle de jour (c'est ce que disent mes stats).
Je récupère Pierrcik à 04h10. Dans le cadre de son travail de revalorisation et revégétalisation des anciens sites miniers, son séjour se termine, il doit repartir dans la semaine en métropole ; et comme il a donné sa démission, c'est sans doute son dernier jour en Nouvelle-Calédonie (il s'oriente vers l'Afrique, surtout Madagascar, beaucoup plus riche que "Le caillou" en minéraux et cristaux). Donc, pour finir en beauté, nous retournons à Prony, espérant y toucher thons et bonites...
La baie n'est pas calme, le vent est bien présent, mais le clapot ne s'est pas levé. Bizarre, mais personne ne s'en plaindra. Je prends la direction de la pleine mer, moteur presque à fond... Ce n'est qu'arrivés à hauteur de l'île Ouen que nous commençons à être gênés par le clapot (qui ressemble à de la houle), mais en tirant des bords, nous remontons assez rapidement la baie (nous nous sommes bien fait mouiller quand même, et le sel nous brûle les yeux)... Quelques oiseaux tournent isolément, c'est bon signe, mais cela veut aussi dire qu'il n'y a pas de chasse... J'en vois enfin une (les oiseaux n'y sont pas dessus, donc elle vient de commencer) en arrivant à 500 mètres du phare, les poissons semblent être nombreux, cependant nous sommes trop loin pour évaluer leur taille. Je coupe aussitôt le moteur pour monter les cannes et être prêts lorsque nous arriverons à portée... Nous aurons beau faire au plus vite, ces quelques minutes sont des minutes en trop, nous n'avons même pas fini que la chasse a disparu, plus rien...
La frustration est telle que je vais tourner quelques temps dans la zone, guettant le moindre indice, puis j'entreprends une incursion rapide dans la baie de Bonne Anse, mais elle aussi est désespérément vide. Finalement, nous sortons de la baie de Prony. Un vol d'oiseaux groupés nous motive, mais arrivés à leur hauteur, il n'y a rien, pas le moindre signe d'une quelconque activité là-dessous. Et le sondeur ne détecte rien lui non plus (les thons ou les bonites évoluant tous à la même profondeur, il en résulte une ligne continue à l'écran, impossible de se tromper). Par dépit, et pour provoquer la chance, nous faisons quelques lancers au milieu de nulle part, le train-train habituel des mauvais jours...
La mer étant un peu hachée, et ayant oublié les gilets de sauvetages (Pierrick s'en est aperçu de suite, il les utilise comme coussin), je décide qu'il est plus prudent de rentrer dans la baie et d'y pêcher les bordures... C'est la fin des illusions "thonides" (de pêche des thons).
Je fais un large détour du phare pour ne pas perturber les postes du platier et j'arrête le moteur un peu plus loin, par 3 mètres de fond. Si mes calculs sont bons, le vent va nous pousser idéalement le long du plus beau secteur. La première dérive n'est pas correcte, nous passons un peu trop loin des patates de corail, ce qui n'est pas bon car il faut pêcher ces zones avec précision, surtout ne jamais avoir de patates (ou de rochers) entre le leurre et nous. Pourquoi ? En cas de touche, le poisson n'aura aucune difficulté à rejoindre un refuge puisqu'en le combattant, en y tirant dessus, nous ne ferons que l'amener vers de potentiels abris... Je repositionne la barque en début de dérive mais plus près... Pierrick, qui pêche avec un stickbait de 14cm, a droit à une montée sans suite (une saumonée) sur le meilleur poste. Le reste de la prospection de ce platier ne donne rien, que ce soit en surface (il a tout pêché avec son stickbait, j'ai un peu pêché au popper) ou sous l'eau (je n'ai utilisé que mon jerckbait fétiche, c'est une imitation de poisson perroquet jaune/vert fluo).
Nous continuons par les postes de la Baie "Bonne Anse" (ou baie Est)... Pierrick s'obstine à ne pêcher qu'avec des leurres de surface (son stickbait bien sûr, mais il l'alterne parfois avec un popper), je suis toujours aussi fidèle à mon jerkbait, tout en mettant un coup de popper à chaque arrivée sur une nouvelle zone... La direction du vent est parfaite, c'est la première fois que je peux pêcher toute une zone habituellement trop turbide à cause des vagues... La pêche de cette baie ne donnera rien, bien que Pierrick ait encore fait venir des poissons (orphies surtout), toujours sans suite. Moi ? Rien de rien, le néant !
Nous nous arrêtons à la pointe "Nuw Kwé", c'est la pointe rocheuse entre la baie Nord et la baie Bonne Anse, là où il a décroché la carangue l'autre jour... Toujours sur son stickbait, la chance lui sourit, c'est le moins que l'on puisse dire. En effet, après avoir ferré le poisson (ça y est, suite à son séjour à l'Île des Pins, il ferre), il se fait embarquer plusieurs longueurs de fil à cause du frein de son moulinet pas assez serré => le poisson se cave. Je lui recommande de durcir un peu son frein, puis je le rassure, tout n'est pas perdu... Le coin est propre, il n'y a qu'un seul rocher, ce n'est pas du corail, donc il est fort probable que le poisson ne soit que coincé à la roche, toutes les épines de ses nageoires dressées. Je mets le moteur, je lui demande de toujours maintenir une forte tension sur la canne, et j'entreprends un tour large du rocher. Le résultat est immédiat, même pas eu le temps de faire la moitié d'un tour (heureusement d'ailleurs, car je me voyais mal passer entre ce rocher et le bord !), Pierrick sent le poisson bougé ! Sauf qu'il répond trop mollement à cette "défaillance" ! Je lui enjoins de tirer plus fort, de lui montrer qui commande, pour l'éloigner rapidement de là... Il y arrive très bien... Il s'en suit quelques départs puissants, puis cette superbe saumonée vient se coucher en surface, vaincue. Elle accusera 4 kilos sur le peson.
Très jolie saumonée de 4 kilos, bien bagarreuse. |
La même sous un autre angle. |
Nous continuons la prospection de cette bordure rocheuse, sans autre touche. Un bref coup de moteur pour se positionner une centaine de mètres plus loin, dans le secteur de la bouée verte (joli secteur, où je n'ai jamais rien pris)... Sur le premier lancer, je touche un poisson au popper, une saumonée de 2 kilos, à qui je ne laisse même pas le temps de se poser la question de ce qui lui arrive. Il était temps ! Pas d'autre touche. Dommage, nous y étions à l'abri du vent... Nous traversons la baie, admiratifs et inquiets devant le gigantesque chantier de la construction de la (ex ?) future usine de Goro Nickel, pour retrouver l'îlot "Gabriel" (le petit îlet de l'autre jour)... La zone est balayée par un fort vent, les dérives risquent d'être très rapides car, pour la sécurité, je n'aime pas mettre une ancre flottante. En effet, lorsqu'on pêche les récifs - coralliens ou rocheux - il faut être capable de s'éloigner immédiatement en cas d'imprévu (rafales de vent, combat qui s'éternise et captive un peu trop, forte houle subite...) et le temps de remonter une ancre flottante peut être "long" (tout est relatif), même avec la technique, en tout cas supérieur au temps nécessaire pour se retrouver projeter sur le récif !
À mon second lancer, juste devant l'îlot, j'ai droit à une triple attaque d'une grosse carangue sur mon popper ! Elle n'a pas pris le leurre, ou alors l'a rejeté tellement vite qu'il m'a été impossible de ferrer. D'ailleurs, je ne sais même pas si j'ai ferré. Ce qu'il y a de sûr, c'est que c'était un bien gros poisson, et que ses coups de gueule nous ont fait exploser le palpitant. Nous faisons le tour de l'îlot sans autre touche. Première dérive dans la forêt de coraux après la passe du tombant de l'îlot => j'alimente mon compteur par un bébé saumonée de 500 grammes grâce à mon jerkbait fétiche. Quelques dérives plus tard, toujours sur cette grande forêt de corail, et toujours avec mon jerkbait fétiche, nouvelle touche, mais le poisson se cave. Zut de zut ! En fait, il y a trop peu de visibilité, il est juste possible d'entrevoir (je devrais dire de deviner) les patates/rochers les moins profonds, ce qui entraîne des erreurs, comme celle d'avoir un haut-fond corallien entre le poisson touché et le pêcheur... et le poisson ne s'est pas fait prier. Tout à l'heure, avec la saumonée de Pierrick, c'était du rocher, donc relativement facile de sortir le poisson lorsqu'on connaît la manoeuvre à faire. Mais là, ce n'est que du corail ! J'essaye d'arracher et le corail et le poisson en tirant en force (ce n'est pas très respectueux de l'environnement, mais des fois, ça marche) => rien ne bouge ! Je passe la canne à Pierrick et démarre le moteur pour nous positionner à l'opposé => Pierrick pense avoir senti le poisson bougé (difficile de vraiment évaluer, à cause des vagues et du vent), mais non, il est toujours bloqué. Je pense que le poisson n'est plus au bout, que mon leurre est maintenant coincé dans le corail, c'est très classique. Donc je demande à Pierrick de préparer l'ancre pendant que je reprends la canne, puis j'essaye de positionner la barque pour être à hauteur du poisson lorsque nous serons accrochés... nous tournons autour de la zone sans y parvenir, j'ai trop de mal à récupérer la tresse, et la voir pour diriger la barque en même temps... Je repasse la canne à Pierrick pour une nouvelle tentative de jeter de l'ancre... échec, nous nous gênons trop à nous repasser la canne au moment où il faudrait lancer l'ancre... Mais ce coup-ci, il a bien senti le poisson bouger lorsque nous étions en amont du poste ! Nouveau positionnement ... Le poisson bouge à nouveau, et cette fois, Pierrick en profite pour le sortir en force (il a vite compris ce qu'il fallait faire, très très bien). C'est une nouvelle saumonée qui doit bien faire ses 3 kilos, le triple de queue lui a, entre les pectorales, arrachée la peau sur la surface d'un paquet de cigarettes ! J'ai eu beaucoup de chance sur ce coup-là... Fort de ce succès des leurres immergés sur ceux de surface, Pierrick monte un PN multi-articulé... Pas de chance, la touche suivante est encore pour moi. C'est un poisson moyen mais très vif (petite carangue ? bossu doré ?), qui se décroche au bout de 4 ou 5 mètres, mais un autre poisson se saisi aussitôt de mon leurre, et c'est encore une saumonée de 1,5 kilos, sortie sans la moindre difficulté (elle avait dû suivre le premier en bonne opportuniste, ce qui l'a entraîné loin de tout refuge)... Le dernier poisson pris dans cette zone sera une nouvelle saumonée de 500 grammes, toujours par moi. Pierrick doit commencer à trouver que les poissons sont bien trop sélectifs aujourd'hui !
Il y a des rafales de vent de plus en plus fortes, heureusement pour nous que ce n'est pas constant ! Mais au cas où ça se gâterai encore un peu, ce qui est fort probable, je décide de rentrer. Mais avant, nous allons un peu prospecter la bordure rocheuse jouxtant la superbe plage de cette baie Nord, elle n'est qu'à 500 mètres de là... Et au premier lancer, totalement en aveugle pourtant (toujours cette très faible luminosité), j'attrape une nouvelle saumonée de 2 kilos ! Décidemment, il n'y en a que pour moi ! Le vent nous pousse trop vite sur les rochers ; par deux fois, je fais des départs limites, donc je reste au moteur et il pêche seul... Nous nous arrêterons à deux autres endroits paraissant propices, mais il ne touchera rien.
Bilan de cette journée : bien que j'ai 6 poissons à mon actif, on ne peut pas la qualifier de bonne ! Je pense que Pierrick a trop pêché aux leurres de surface, surtout au stickbait, connu pour provoquer beaucoup d'attaques, mais peu de prises. Mais avec le recul, et le fait que le seul poisson qu'il ait attrapé l'ait été dans une zone très abritée le confirme, ce qui l'a vraiment pénalisé, c'est son animation trop rapide. Avec le vent et les vagues qu'il y avait, il fallait pêcher lentement, afin de permettre aux prédateurs de bien percevoir le leurre.
Dernière modification de cette page : jeudi 09 novembre 2006 à 21:02