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La pêche sportive en mer
 
 
Samedi 7 octobre
Cette carangue est mon oeuvre, j'en interdis toute diffusion ou publication !

Prony

Départ de Nouméa à 06h00 avec Pierrick (filleul de Guy Majoulet). La météo annonce un peu de vent (5 noeuds le matin, 10 à 15 l'après-midi), c'est pourquoi j'ai choisi la baie de Prony (Pierrick ne l'a jamais pêchée), bien que l’extension saisonnière de la réserve permanente de l’îlot Casy, effective depuis le 1er septembre (jusqu’au 31 décembre), ampute la zone de pêche de plusieurs hectares. Renouvelée chaque année pour la même période, la mesure vise la protection de la reproduction des espèces marines, en particulier des loches rondes à taches orange dont le nom scientifique est Epinephelus coioides. Fin de la parenthèse, mais ce serait bien qu'en métropole "on" s'inspire un peu des mesures prises ici pour protéger le plus grand lagon du monde (et certainement le plus poissonneux), alors que sa formidable richesse peut laisser supposer qu'il n'a besoin de rien !

Le temps de charger la barque, il est presque 08h00 lorsque nous partons vers le large ; le gros clapot est déjà là (il aurait fallu arriver 2 heures plus tôt, mais j'avais besoin de repos après les longues heures à bosser à la maison tous les soirs en rentrant du travail)... je suis obligé de tirer des bords pour ne pas nous faire trop mouiller. Nous arrivons plus d'une demi-heure plus tard au phare balisant le récif de l'entrée de la baie, l'état de la mer de l'autre côté ne m'inspire vraiment pas, nous nous arrêtons là. Premier ennui : la batterie du sondeur est à plat, je n'ai eu que le temps de la recharger un petit quart d'heure ce matin juste avant de partir. Pierrick est au popper, il découvre la pêche de surface, la sortie de Ouano en juillet, ma dernière sortie (rester autant de temps sans pêcher, faut le faire !), lui a donné plein d'idées car, malgré le manque d'activité des poissons, j'avais réussi à en faire monter quelques uns, et des gros. Il s'en est donc acheté quelques uns (ainsi qu'une canne et un moulinet), car travaillant sur les mines loin de Nouméa, il en profite pour pêcher tous les jours (du bord) une paire d'heures. Je monte ce poisson nageur articulé

leurreMultiArticule

J'aime bien ce leurre car il coule lentement, un peu en feuille morte, ce qui permet de pêcher toutes les couches d'eau, et lors de la récupération, il a une nage terriblement naturelle. Je l'ai redécouvert (je l'avais très brièvement testé il y a plusieurs mois et il dormait depuis seul dans ma boîte) justement lors de cette sortie à Ouano où Pierrick n'avait utilisé que lui, avec un succès certain par rapport à mes leurres "fétiches" habituels. Un grain, accompagné d'un renforcement du vent, nous fait quitter la zone alors que nous n'avons rien touché lors de la prospection des superbes patates du tombant de ce récif, si ce n'est une petite grisette pour moi. Dommage, j'aurai bien aimé insister, surtout aller jusqu'au phare, mais le vent poussait trop fort.

Nous nous réfugions dans la baie la plus proche... Dès la première zone abritée, nous reprenons la prospection des berges... sans succès ! Tous les secteurs habituellement bons sont vides ! La journée commence mal ! Deux heures de bredouille plus tard, nous quittons cette baie... Je profite que le grain se soit éloigné et le vent calmé pour prospecter la pointe rocheuse juste en face du phare. Le secteur n'est pas fabuleux, il n'y a pas de corail, il est juste un peu plus loin, à 50 mètres, mais c'est une pointe bien marquée et la pente y est progressive, un bon poste à grosse carangue. Je continue de pêcher avec mon poisson articulé, j'essaye d'en découvrir toutes ses possibilités, ce qui a valu à Pierrick quelques occasions de m'aider le temps que je me décroche. Lui reste avec son popper, monté maintenant sur une de mes cannes (mais il a armé la sienne d'un poisson nageur de type jerk et l'utilise de temps en temps bien qu'elle soit un peu trop souple). Il sera vite récompensé par une grosse attaque, sans doute une loche, mais le poisson s'est contenté de venir voir et n'a pas pris (Pierrick ramène son popper un peu trop vite, et surtout il n'arrive pas à marquer des arrêts). Quelques dizaines de mètres plus loin, sur le corail, il a enfin droit à la belle touche, surtout que le poisson sort du grand bleu pour venir lui prendre son popper au tombant du platier, se montrant juste ce qu'il faut pour lui faire exploser le taux d'adrénaline... mais pas assez pour trop anticiper et manquer le ferrage. Ferrage ? Pendant qu'il cherche la meilleure façon de tenir la canne pour ne pas se faire emporter par le poisson qui fonce vers le large, je lui signale que je ne l'ai pas vu ferrer ! Mais bon, la carangue (je pense à une carangue noire tellement ça part vite et fort) est vraiment grosse, elle a tapé très fort, donc il y a de forte chance qu'elle se soit piquée toute seule. Je lui demande de s'asseoir car je vais mettre le moteur pour nous éloigner d'une vingtaine de mètres de la zone corallienne et lui permettre de combattre en toute sécurité. C'est son premier gros poisson, il ne garde pas assez la tresse en tension, ce qui fait que lorsque je coupe le moteur, le poisson s'est décroché. Dommage. Pierrick reste là, sans bouger, des images plein la tête... se rappelant cette masse noire ("Un mètre elle faisait ! Un gros truc noir ! Un mètre au moins je te dis !") venant chercher son leurre. C'est son premier contact avec un gros poisson, au popper comme avec d'autres techniques, il s'en souviendra, même si c'est le poisson qui a gagné. Je me permets de lui faire remarquer que, tant qu'il ne ferrera pas, au popper ou à autre chose, il aura peu de chance d'immortaliser sa rencontre par de belles photos.

Après un petit coup de moteur pour se repositionner à la pointe, nous reprenons la prospection de ce platier bien que le vent nous pousse un peu vite. La luminosité est un peu trop faible aussi (pour mettre les polaroïds, et avec les vagues, elles seraient bien vite gênantes), je ne connais pas toutes les berges, je vois mal, je lis l'eau mal, le sondeur est HS, j'ai l'impression que le coin est superbe, je lance => le leurre se pose dans 30 centimètres d'eau et accroche => c'est un peu galère, je ramène par deux fois des branches de coraux et Pierrick doit à nouveau m'aider à décrocher mon leurre ! C'est anecdotique, mais je n'aime pas "obliger" (il s'est toujours exécuté de bon coeur) mon partenaire à me servir de "guide de pêche". J'ai bien équipé la troisième canne d'un gros popper, mais je lui laisse le soin de "nettoyer la zone", car si je touchais un gros, ce serait pour lui coller la canne immédiatement dans les mains ; alors, autant que ce soit lui qui "poppe"... À force de gratter le corail, je touche une nouvelle petite grisette, pas de quoi faire le fier ! Et redonner le moral !

Nous voici à la bouée qui marque la fin de ce platier, un coin superbe avec d'immenses concrétions coralliennes, mais où je n'ai jamais rien touché. Pierrick y aura deux montées sans suite, ce n'est vraiment pas le jour... Nous traversons toute la baie du chantier de la future usine de Goro Nickel pour rejoindre une zone rocheuse que j'avais pêché du bord il a quelques temps... Le vent y est trop fort, les vagues trop présentes, je reste au moteur pour repositionner la barque à quelques mètres des rochers pendant que Pierrick met 3 ou 4 coups de popper, puis un ou deux au PN, sans la moindre attaque. Lors de mon précédent passage, de la route, j'avais repéré un minuscule îlet au centre de la baie, je le retrouve enfin, nous y allons...

Le coin est beau, très beau même, les rochers et les coraux y sont nombreux, mais que des grandes plaques et très peu de patates. La première dérive est prometteuse, j'ai deux touches sans suite (sûrement du petit poisson). Pierrick fait mieux, avec une sorte de gobie à grosse gueule (sa dentition est impressionnante) au PN (il a mis le même PN articulé que moi). Ce regain d'activité nous met en confiance, un peu trop même car j'accroche à nouveau. Avec le vent, le temps de positionner la barque au moteur (à la rame, je n'arrive même pas à rester sur place !), Pierrick à la canne, nous passons une première fois sur le leurre sans arriver à le libérer. Second passage, j'essaye de descendre de la barque pour aller le décrocher à pieds (très peu d'eau, 20 cm là où j'ai accroché - faut le faire - mais des trous de 2 mètres tout autour), tout en tenant la barque de la main pour ne pas perdre trop de temps... une des rames était restée en travers, je m'y coince le pieds dedans, je n'arrive pas à me dégager à temps... et je passe à l'eau, sous la barque ! Ce n'est vraiment pas le jour, surtout que le soleil brille par son absence !!! Heureusement que j'ai le ciré et un vêtement de rechange, mais je resterai à la limite du "j'ai trop froid pour continuer" tout le reste de la sortie. En fait, avec le recul, j'ai eu pas mal de chance car :

Ça s'est donc bien terminé, tant mieux. Nous reprenons la prospection du platier de l'îlet... Elle ne donne qu'une nouvelle petite grisette (pour moi), mais à son tombant, nous apercevons deux superbes hauts-fonds, à la limite de l'affleurement (la marée descendante ne va pas tarder à les découvrir). Le vent nous pousse vers le plus à gauche, un peu trop vite, tout juste eu le temps de faire un lancer chacun (que j'estime très mal fait pour ma part)... mais comme les fonds autour de nous sont maintenant superbes, j'attends d'avoir fait quelques lancers pour nous repositionner... Et ça paye ! J'ai enfin une belle touche, suivi d'un combat vif et nerveux, et c'est un joli bossu doré que je fais sauter dans la barque à mon grand soulagement. Il était temps. Non pas que cela me gène de revenir sans poisson d'une partie de pêche, mais pêcher des heures et des heures sans toucher un poisson digne de ce nom (les grisettes, même sur une canne à mouche, ça lasse vite, très vite ; alors, sur un lancer "lourd" !), là, oui, j'avoue que cela m'irrite fortement, surtout lorsque l'on a la chance de pêcher dans une des mers les plus poissonneuses au monde !

À partir de là, tout va aller très vite. Je continue dans la foulée par une petite saumonée aussitôt remise à l'eau. Quelques mètres plus loin (le vent s'est bien calmé, et nous dérivons maintenant à une allure parfaite), Pierrick en attrape une un peu plus grosse (qu'il garde). La côte n'étant plus qu'à quelques mètres, je remets le moteur en route et nous nous positionnons pour pêcher l'autre versant de l'îlet. J'y aurai droit à une nouvelle... accroche, qui m'oblige a échouer la barque, moteur relevé. Et arrivés au tombant, nouvelle montée d'adrénaline pour lui, il enlève le popper de la bouche d'un gros ! C'est l'expérience qui rentre. La prochaine fois, il se rappellera qu'il faut pêcher jusqu'au bateau. Nous revoici dans la zone, j'ai droit à une tape sans suite, puis c'est un doublé : lui un bossu doré (la moitié du mien, il garde), moi une petite saumonée. Le secteur est fameux ! Ou ce sont les poissons qui sont devenus enfin mordeurs ? Quoi qu'il en soit, nous remontons pour une nouvelle dérive. Pierrick lance son popper dans le tombant du grand bleu, touche immédiate, beau poisson brassant l'air de sa caudale, c'est un thazard, départ de folie (comme toujours avec ce poisson lorsqu'on pêche au lancer)... mais il se décroche (Pierrick n'a toujours pas pris l'habitude de ferrer). Je clôture la prospection de cette zone par une nouvelle saumonée.

Nous prenons le chemin du retour, face au vent et aux vagues. J'y vais tranquille, mais cela ne nous empêche pas de prendre de l'eau de mer plein les yeux (surtout moi à l'arrière). Avant de rentrer, je décide de faire un détour par deux de mes coins "secrets", des fois qu'un gros y patrouillerait... Nous nous arrêtons une bonne centaine de mètres après la balise de la réserve, sur une grande zone riche en patates de corail. Je n'y aurai pas la moindre touche. Par contre, lui y fera monter 2 poissons, avant de prendre une belle saumonée (qu'il garde bien que je lui fasse remarquer qu'elle était un peu grosse). En allant vers le second coin, énorme surprise, nous apercevons une balise de réserve !?! En fait, ils ont mis 3 balises sur un même côté, pratiquement sur la même ligne, ce qui est un non sens, bien que les deux balises extrêmes soient tellement loin l'une de l'autre qu'il est impossible d'en voir une à partir de l'autre. Bref, nous avons pêché dans la réserve ! L'autre coin n'apporte pas de nouvelle prise, juste un gros qui montera sur son popper sans prendre.

Sur la route vers Nouméa, nous faisons le bilan. Sur 8 heures de pêche, les 6 premières n'ont pas vu un seul poisson ! Heureusement que nous avons persévéré ! Et pêché d'autres secteurs que ceux habituels !

 

Dernière modification de cette page : mardi 17 octobre 2006 à 13:47