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La pêche sportive en mer
 
 
Samedi 10 mai
Cette carangue est mon oeuvre, j'en interdis toute diffusion ou publication !

Bouraké

Je me lève à 3h30... et, comme convenu, à 06h00, au lever du jour, Manu sur son bateau me récupère à la mise à l'eau de Bouraké (il passe ce long pont du "8 mai - lundi de Pentecôte" avec sa compagne dans un bungalow sur un des îlots de cette immense baie de St Vincent). Nous partons aussitôt vers la passe de l'îlot Ténia (passe St Vincent) pour profiter du "matin calme" (la météo annonce du 10 noeuds pour la journée, de Sud Ouest en plus, le "mauvais vent" pour la pêche) et aller de l'autre côté de la barrière voir s'il n'y aurait pas quelques chasses de thons...

Je ne peux pas parler pour Manu, mais en ce qui me concerne, plus nous approchions de cette passe plus mon enthousiasme s'est refroidi ! Une belle houle - 2 à 3 mètres - de face + vent (de face aussi) + grain pas bien loin => la navigation "tout droit et à fond" dans le lagon est vite devenue "tirages de bord et machine à laver" !

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Le but initial a été revu à la baisse, nous nous contenterons de pêcher dans cette passe, surtout qu'aussi loin que porte le regard, il n'y a aucune trace de chasse. Et comme nous avons vu deux ou trois remous à l'entrée et qu'il y a quelques oiseaux qui tournent, notre optimisme nous pousse à croire que cela risque de ne pas être un si mauvais plan que ça... Nous pêchons un peu au hazard, Manu avec un BluesCode bleu, moi avec un vert, sans résultat... Devant nous, des oiseaux se sont regroupés, nous les rejoignons. Une chasse éclate, cela semble être des petits poissons, nous les pêchons quand même... Bien nous en prend car j'ai une belle touche, mais le "truc" se décroche faute d'avoir pu le ferrer correctement (à cause de la houle). J'ai eu l'impression que c'était une bonite...

Tout à l'heure, à plusieurs reprises, bien plus au large dans la zone de l'arc en ciel, il m'a bien semblé voir quelques oiseaux tounoyer, mais rien de bien constant... Maintenant, il n'y a pas d'erreur possible, il y a bien une chasse là-bas... La navigation pour l'atteindre sera bien difficile à cause de la mer, mais nous y voilà. La chasse est assez dispersée, Manu voit un aileron de requin patrouiller en surface, mais certains coups de gueule sont vraiment prometteurs, donc nous pêchons... Au premier lancer, j'ai à nouveau une belle touche que j'arrive à ferrer correctement... La défense de ce poisson est lourde, bizarre => petit requin pris par la queue ? Non, car assez rapidement je remonte en surface un thon jaune (autour de 5 kilos), un triple dans l'oeil ! Comme il saigne beaucoup et que nous ne voulons pas passer par dessus bord en cherchant à le décrocher, nous le hissons sur le tableau arrière. La "punition" est immédiate ! Dans son agonie, il tremble frénétiquement de tout son corps, envoyant du sang absolument partout ! Une fois tout nettoyé, Manu - qui était encore à la barre pour bien orienter le bateau au moment où j'ai lancé - me signale qu'il n'a même pas eu le temps de décrocher son leurre du porte-hameçon... Malheureusement pour lui, il n'y a plus de chasse. Nous retournons dans le lagon, juste derrière la barrière, pour pêcher le platier tout en guettant les moindres signes de reprise... Pas une touche et pas de reprise... Retour dans la passe pour une pêche aveugle... Manu a droit à une attaque manqué d'un thazard, et malgré notre insistance, rien d'autre... Pas la peine de rester plus longtemps là, direction les bordures coralliennes de l'îlot Tétard...

Nous pêchons tous les deux au popper en aveugle car la luminosité et la visibilité ne permettent pas de visualiser le relief du fond, donc pêche de surface... mais après deux lancers, Manu saute sur les commandes pour éloigner son bateau que le vent et les vagues poussent sur le récif. Quelques mètres plus loin, rebelotte, avec jeter de l'ancre pour avoir le temps de démarrer le moteur sans être brosser sur le récif, et sortie de là plus que limite, je pensais même que nous ne pouvions que toucher ! Fin de la plaisanterie, on ne joue pas avec la sécurité => Ayant déjà eu "mon" poisson, je le laisse prospecter seul et je prends la barre (jargon de voileux car ce n'est pas une barre franche mais un volant)... Une bonne centaine de mètres plus loin, il arrive enfin à faire monter un poisson, mais l'attaque est dans le vide... Nous arrivons à une avancée assez conséquente du platier dans la mer, le vent nous pousse parallèle à la bordure, j'en profite pour pêcher un peu... et me servir à boire, canne posée n'importe comment, leurre à la dérive... Manu décide de déplacer le bateau de quelques mètres pour être mieux positionné... et... et ce qui devait arriver arriva : mon fil se prend dans le moyeu de l'hélice ! Impossible d'utiliser le moteur, le risque de le bloquer est trop grand ! Je jette l'ancre immédiatement pendant que Manu remonte le moteur. Je me déshabille pour me mettre à l'eau et lui demande de me préparer le couteau (l'attacher à une corde pour ne pas le perdre)... En réponse, Manu me dit que ce n'est plus la peine, que ce sera plus facile que prévu... car le bateau s'est immobilisé juste au-dessus du début du platier, maximum un mètre d'eau ! Je n'en crois pas mes yeux ! Quelle chance nous avons eu ! Et c'est assez rapidement que je dégage le fil - et le leurre - du moyeu. La leçon a été retenue, nous traversons le lagon pour pêcher le platier derrière la barrière...

Comme ni lui ni moi n'avons jamais pêché ce secteur, Manu est à la barre tandis que je joue au guetteur à l'avant... Nous remontons ainsi tout l'immense platier, glissant à la surface d'une eau turquoise parsemée des tâches sombres des massifs coralliens, le sondeur en alerte... Lorsqu'il n'y eu plus que 1,5 mètres de fond, Manu coupa le moteur, le mis en position haute, le bateau en dérive parfaite poussé par ce vent toujours présent, mais favorable maintenant... Et nous voici chacun de notre côté à prospecter, toujours au popper, ces superbes masses sombres si prometteuses... J'ai eu le plus de chance... Une très belle saumonée a bondi hors de l'eau, popper dans la bouche, mais comme j'avais encore une fois lancé "trop loin" pour pouvoir la ramener d'autorité, elle s'est encavée ! Manu a mis le moteur en marche pour me positionner à l'opposé ; la manoeuvre n'a pas eu besoin d'aller à son terme, le poisson a lâché prise au fur et à mesure que nous nous rapprochions de lui, puis s'est laissé venir lourdement, presque sans résistance... À moins que le poisson se soit décroché et que je ne tienne plus qu'un bloc de corail à sa place ? Ou les deux ? Finalement, je monte dans le bateau une saumonée rouge de 2 kilos, sans corail arraché, mais prise par la nageoire annale... Quant à Manu, sur cette dérive, il a encore eu droit à un manqué (aiguille ou barra). Poussés pas le vent, nous voici à nouveau sur la bordure corallienne d'un îlot => rien. Du coup, nous retraversons le lagon pour re-pêcher le platier derrière la barrière...

Je suis à la barre, je remonte le platier sur des fonds de 4 à 5 mètres => pas la peine de s'arrêter, trop d'eau. Nous voici à quelques mètres du récif barrière, je choisis de prendre sur la gauche car le secteur me plaît beaucoup... bien que face à nous se dresse un mur d'eau ! Ce grain barre tout l'horizon ! Manu me demande si je veux me mettre à l'abri (les autres bateaux de la zone rentrent tous), je lui réponds "Surtout pas, c'est maintenant que ça va mordre" (le vent forci toujours sous les grains, et ça rend les poissons complètement dingues)... Nous mettons les cirets et pêchons, espérant que ma prévision soit exacte...

Nous continuons de pêcher chacun de notre côté, Manu à babord, moi à tribord... L'attente ne fut pas longue, bien que le vent n'est pas vraiment forci. Manu a ouvert le bal avec une jolie ignobilis de 4 ou 5 kilos (je n'ai pas fait de photo à cause du grain, d'ailleurs toujours pas arrivé à notre hauteur). Il l'a attrapée au milieu d'une dizaine de même taille qui se disputaient son popper. Son tout nouveau Symetre 4000 lui a donné entière satisfaction... Puis les choses sont devenues plus "sérieuses" avec 3 grosses ignobilis qui se sont attaquées à son popper au moment où il arrivait au bateau, mais aucune n'a pu s'en saisir. J'en ai vu passer une sous mes pieds, elle faisait son bon mètre ! Je suis resté bien sagement les bras croisés, ce genre de bestiaux m'ayant déjà suffisament cassé de matériel (nous sommes toujours au milieu du platier, avec des blocs de corail de partout. Sur un tombant, j'aurai peut-être essayé... quoique je ne prends plus aucun plaisir à traquer ces poissons, trop faciles à faire mordre lorsqu'ils sont en chasse)... Puis il a enchaîné avec cette superbe carangue gouttes d'or (elle aussi chassait en groupe) que je n'ai pas pu "immortalisé" dans ses bras car elle m'a échappé au moment où je la lui passais...

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Et si j'ai pris des photos c'est que ?... Que le grain ne nous a pas touché !?! Aussi étonnant que cela puisse paraître, il s'est arrêté à quelques 500 mètres de nous ! Et la pêche alors ? Ben le vent est pratiquement tombé, mais... Manu continue son cavalier seul avec un petit bossu doré... et un festival de ratés !!! Moi ? Rien, pas une touche !?! Du coup, je lance de son côté pour "voir" s'il n'y a pas une "malédiction" ? Pan, un petit bossu doré pour moi aussi ! Ah, quand même ! Puis Manu, à force de brasser l'eau (il "poppe" nettement plus fort que moi ; surtout que, sachant les grosses carangues de sorties, je fais des animations minimalistes, presque sur place, pour ne pas les attirer), donc Manu, à force de popper, se fait attaquer par une des grosses ignobilis ! Et là, il la ferre ! La suite fut comme je l'ai trop souvent vécu : d'abord on s'arc-boute sur la canne, puis voyant que rien n'y fait pour l'arrêter, on durcit un peu plus le frein... encore un peu... la canne est à la limite, on pris que ça tienne, que le poisson fasse demi-tour, monte en surface, fasse n'importe quoi mais arrête de tirer tout droit comme si le pêcheur n'existait pas... Finalement, la tresse toucha le corail (on ne voit que ça à perte de vue) et cassa !

Le temps qu'il remonte son bas de ligne ("shock tippet" pour les initiés), j'en profite pour prospecter tout azimut, surtout que le vent est vraiment tombé, seules les vagues poussent un peu le bateau maintenant => parfait ! J'attrape un second bossu doré sur un beau secteur ; puis toujours au même endroit, je manque 2 poissons (dont un qui prendra le popper sous l'eau, il ressortira un mètre plus loin. Comment j'ai pu manquer ça ???). La touche suivante, sur une animation ultra minimaliste (meilleur moyen pour éviter les manqués), est à nouveau couronnée de succés. Le poisson est un peu plus gros, je suis obligé de forcer pour le faire venir (je suis sur ma canne à thon, puissance 150-300 gr)... il résiste bien ; je force un peu plus pour l'empêcher de se caver... et là, il fonce vers la surface, le con (oui, je sais, il n'a sûrement pas prévu ce qui va suivre)... Résultat : je le "satellise" droit sur... ma tronche (rappel : canne à thon) ! Je me protège avec le bras droit, il y tape dedans, mais un des triples se plante dans ma chair... Donc, imaginez un poisson en pleine forme, un bon kilo et demi, pendu au bout d'un leurre + ce leurre pendu à mon bras ??? Oui, ça fait très très mal !!! J'arrive à le plaquer sur le plancher avec la main gauche, puis à l'immobiliser enfin. Manu me vient à l'aide, il le tue, puis le détache du leurre. Ensuite, nous nous occupons de mon bras... La branche du triple a traversé la chair, l'ardillon est ressorti largement (c'est déjà ça), j'ai une grosse boule à cet endroit. Manu coupe (heureusement qu'il a une pince coupante sur son bateau !) la pointe, puis je serre les dents et j'enlève le reste... Ce n'est vraiment pas beau ! J'ai maintenant deux belles "bosses", une là où à pénétrer l'hameçon et l'autre là où il est ressorti (elles sont sans doute pleines de sang). D'ailleurs, du sang, il y en a partout ! Pas celui du bossu, non, le mien. J'en ai plein la chemise, plein le pantalon, le tableau arrière est rouge... En fait, l'écartement de l'hameçon doit faire 6 ou 7 milimètres, maxi 10 mm, alors que l'écartement entre le point d'entrée et le point de sortie fait 17 mm => la chair a été comprimée, d'où la boule, puis étirée car un bossu doré de 1,5 kilos qui gigote, c'est quelque chose (c'est un des poissons les plus batailleurs du lagon). Quand même, avec le recul, c'est vraiment la faute à pas de chance, car c'est une chemise à manche longue que je porte à la pêche ! Et l'hameçon, il aurait pu taper dans le tissu et éviter ma chair. Non, au lieu de cela, il a tapé juste dans la fente du poignet de la chemise !

Nous sommes aussitôt rentrés au bungalow où Manu m'a admisnistré avec brio les premiers soins : lotion désinfectante, pommade antiseptique, gaze et bandage... Aujourd'hui, donc 4 jours après, j'ai un gros hématome, 4x9 cm, qui se résorbe. La partie centrale est douloureuse au toucher, mais plus la périphérie. Et je suis sous antibiotique pour encore 5 jours...

 

Dernière modification de cette page : jeudi 15 mai 2008 à 18:28