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La pêche sportive en mer
 
 
Samedi 1 mars
Cette carangue est mon oeuvre, j'en interdis toute diffusion ou publication !

Prony

Toujours avec Dominique... Toujours lever à 3h00... Une fois arrivé à la mise à l'eau, pendant le chargement de la barque, je m'arrache presque complètement l'ongle du gros orteil du pied droit en trébuchant contre le pneu de la remorque ! C'est terriblement douloureux, il me faut serrer les dents très fort pour ne pas hurler ! Bref, ça commence mal ! Nous partons au lever du jour par une mer belle, sous un ciel nuageux...

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Lever du jour sur le phare "Bonne Anse", juste à l'entrée de la baie de Prony
La traque des chasses commence... Pas grand chose à se mettre sous la dent pendant les deux premières heures, quelques chasses de petits poissons mobilisant énormément d'oiseaux, ce qui nous fait déplacer de très loin pour rien ! Nous avons aussi prospecté deux ou trois secteurs où venaient d'éclater quelques gros coups de gueule, mais sans suite...

Nous changeons d'objectif et attaquons la bordure corallienne de l'îlot Ugo, moi au poisson multi-articulé, lui au jerk bait, à la recherche des loches et autres bossus... Poussé par le vent, notre dérive est idéale... Après 2 petites touches sans suite (dont une en regardant Dominique pêcher pour le conseiller au besoin), j'attrape un superbe labre d'une vingtaine de centimètres dont je ne connais absolument pas le nom, mais d'une beauté ! La robe était toute en nuance de bleue avec le bout du museau jaune citron, un liseré bleu turquoise sur la pectorale, la queue en hirondelle, bordée de jaune sur l'intérieur, avec un troisième filament jaune citron au milieu. Vu ses dents et sa toute petite bouche, il doit être du style à sauter sur les poissons qui passent à sa portée et leur arracher un morceau de chair (les scientifiques appellent ça des "emporte-pièce"). Un peu plus loin, dans 3 mètres d'eau, c'est une puissante touche que je manque, ferrage dans le vide => mauvaise journée ! Je ferai ensuite une petite grisette, puis je mets un coup de moteur pour nous positionner après une pointe rocheuse qui nous barre la route, Dominique en profite pour mettre un popper... Je le laisse seul à pêcher la suite jusqu'à la pointe du récif, préférant rester au repositionnement de la barque car la configuration du platier a changé et le vent nous pousse dessus en permanence... et c'est au moment où, lassé, je mettais le moteur pour aller voir "ailleurs" qu'il sort un bossu à tâche de la livre. Pendant que nous dissertons sur le rapport entre sa taille et celle du popper, une énorme chasse fait bouillir la surface de l'eau juste de l'autre côté du récif, à même pas 100 mètres ! Et ce sont des gros !!!

Je mets les gaz (tout en contournant la point du récif quand même), Dominique reste au popper, j'ai mis un SuperSpook "bricolé" la veille (triple au centre d'une corde à piano tendue entre les deux anneaux de devant, et plomb de 40 gr sur l'anneau du milieu pour rendre sa nage moins "nerveuse")... Lancer en plein dans la chasse... Récupération... Nous attendons la touche, tous les muscles bandés... Rien ! Même pas un suivi, un refus, un remous !?! Nous sommes déçus, surtout que la chasse s'est arrêtée ! Nous faisons tout de même quelques autres lancers, des fois qu'un retardataire soit intéressé ? Mais rien... Alors que nous nous apprêtions à reprendre la prospection du récif, la chasse recommence 50 mètres plus loin ! Mais même punition pour nous... Et ainsi de suite, en remontant le récif mètre par mètre sur son extérieur... J'ai bien eu un superbe refus, le poisson s'étant jeté sur le leurre avec violence, mais mon ferrage n'a rencontré que le vide. Voir tous ces poissons taper comme des fous dans des proies, donnant l'impression d'une hystérie collective où tout ce qui passe à porter va se faire pulvériser, broyer, déchiqueter... et ne pas avoir la moindre touche !?! C'est la frustration absolue ! Et la chasse qui s'est vraiment arrêtée maintenant ! Et si c'était les leurres ??? Et si c'était les leurres qui ne leur convenaient pas ? C'est sûr, c'est ça ! Surtout que j'ai remarqué que chaque fois que mon SuperSpook "alourdi" touche l'eau à moins de 10 mètres de la chasse, celle-ci s'arrête immédiatement. Nous changeons donc de leurre, un jig à lancer de River2Sea de couleur bleu pour Dominique, un BlueCode pour moi (mon dernier BC ! Mon détaillant n'a pas reçu les nouveaux, et, pire, il paraît que Maria ne les fabrique plus !)...

Quelques dizaines de minutes plus tard, la chasse reprend ; les poissons, bien moins nombreux, ont fait demi-tour vers la pointe du récif... Nous les rejoignons aussitôt, mais toujours pas de touche malgré nos nombreux lancers (Dominique aura droit à un petit oiseau blanc qui se prend l'aile dans la tresse, il le libère sans difficulté). Nous quittons la zone à la recherche de poissons plus mordeurs... Naturellement, c'est vers l'endroit où ce matin de gros coups de gueule ont explosé la surface que nous allons... Plus d'une heure plus tard, force est de constater que les seuls poissons vraiment actifs sont autour de l'îlot Ugo ! Nous y retournons donc... mais pour y aller, c'est beaucoup moins drôle, car nous avons le vent - pas très fort quand même, moins de 10 noeuds - et le clapot de face ! Le parcours sera plus long que prévu, je tire des bords pour ne pas être trop secoués (et mouillés)...

L'approche de l'îlot est surexistante car les chasses (je ne sais pas pourquoi je mets le pluriel, il n'y a toujours qu'une seule chasse ; avec de nombreux poissons certes, mais il n'y a qu'une chasse) ont repris, avec encore plus de frénésie ! Mais toujours le même résultat pour nous => rien ! Pourtant, nous en avons fait des lancers ! Dominique a essayé presque tous les leurres de mes boîtes, je l'ai limité quand même pour qu'il ne perde pas trop son énergie dans des lancers inutiles ; finalement, il monte un Asturie à ma demande pour voir comment doit être manié ce truc. Pour être chaque fois bien positionné (les poissons continuent de remonter le long du récif), j'ai remis le moteur je ne sais combien de fois, pas trop près pour ne pas les effrayer, pas trop loin pour pouvoir lancer dedans, légèrement devant pour les attendre mais sans trop... Las, je les laisse tomber car je viens de voir quelques oiseaux qui tournaient un peu plus loin sur des coups de gueule isolés... Cette chasse ne ressemble pas du tout à la précédente, il y a très très peu d'activité, tellement peu que Dominique hésite à pêcher... Mon expérience me pousse à davantage d'optimisme... et j'ai raison, car sur mon premier lancer, j'ai une touche ! Double ferrage histoire d'assurer la prise, car c'est du gros ! Pendant que mon poisson sonde, vidant la bobine trop vite, ce qui m'oblige à durcir un tout petit peu le frein, à la limite de faire exploser le moulinet (un vieux Décathlon LR70-3), Dominique lance son Asturie... et touche ! C'est un doublé !!! Son poisson sonde à son tour, je vois maintenant sa tresse plongée près du moteur, trop près du moteur, si elle le touche, elle va casser ! Je le lui dis, espérant qu'il passe sa canne de l'autre côté. Mais il a le mauvais réflexe, il bloque le frein ! La casse est immédiate ! Vraiment dommage pour lui. Quant à "mon" thon, c'est un poisson de 8,5 kilos qui m'a gratifié d'un superbe combat, j'ai le dos cassé tellement il m'a fallu forcer pour l'amener en surface (je croyais vraiment qu'un requin s'était invité tant ce thon tirait). Et même une fois près de la barque, il a continué à tirer des ronds par 5 mètres de profondeur sans que je puisse l'en empêcher. Du grand spectacle !

Nous avons un thon, aussi je range le dernier BlueCode dans sa boîte, il a fait son travail, pas la peine de continuer à l'utiliser au risque de le perdre. Je remonte une agrafe sur le BdL de Dominique (la casse a eu lieu juste au dessus de l'agrafe, sur une partie du BdL toute râpée par un passage dans le corail lors d'une précédente prise). Nous montons tous les deux des "jigs à lancer" de River2Sea, bleu pour lui, jaune pour moi. La chasse le long du récif est toujours là, nous y retournons... Nous aurons 2 ou 3 touches furtives, impossible à ferrer, rien à voir avec l'arrêt brutal de tout à l'heure ; peut-être que ce n'était que des poissons qui percutaient la tresse dans l'eau ? Nous laissons tomber définitivement cette chasse et commençons le retour... Quelques chasses nous détournerons un peu de notre chemin, et en pêchant l'une d'elles, j'attrape une nouvelle fois un oiseau ! Comme il est très excité et que j'ai du mal à le défaire, Dominique s'approche pour m'aider... un coup de bec lui ouvre le doigt en remerciement ! Et pour finir, à quelques encablures de la mise à l'eau, c'est une énorme chasse de bonites, mobilisant des centaines d'oiseaux, qui nous verra lancer une dernière fois nos leurres... sans résultat.


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Dominique est très content de sa journée, je suis un peu moins emballé.

Une fois à la maison, j'essaye de nettoyer mon ongle, mais en vain, il me fait trop mal. J'essaye de finir de l'arracher, mais impossible, il en reste trop dans la chair. Je plonge alors dans la piscine en espérant que quelques brasses viendront à bout des impuretés car nous avons des invités et mon épouse compte sur moi pour la préparation du repas, donc je ne peux pas mettre le pied dans un récipient contenant un désinfectant quelconque...

 

Dernière modification de cette page : mardi 11 mars 2008 à 18:49