PLAN DU SITE | ![]() Le combat |
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Comment peut-on parler de "combat", de "lutte", de "a bien défendu sa vie", "s'est bien battu"… lorsqu'il s'agit du réflexe de fuite d'un être vivant qui ne comprend rien à ce qui lui arrive ??? Chaque fois que j'emploie ce mot dans mes récits de pêche (donc souvent), je me rends compte comme il est absurde, pas à sa place, totalement inadapté ! Le combat est soit une action militaire, soit une lutte entre personnes, soit une lutte entre animaux pour la conquête d'une belle ou d'un territoire... Ceux qui combattent veulent se mesurer, ils savent ce qu'ils font et pourquoi ils le font (oui, je sais, trop d'hommes ont combattu sans savoir pourquoi, c'est un autre débat), mais sûrement pas lorsqu'un des deux protagonistes n'a rien demandé, n'a rien cherché et ne sait même pas que l'autre existe !!! Un poisson ne réalise pas ce qui se passe ; il ne cherche pas à "se mesurer" à nous, il ne comprend pas ! Il a peur car il n'arrive plus à faire ce qu'il a tant l'habitude de faire et il fuit vers son refuge (une cave pour les benthiques, la pleine mer pour les pélagiques). Et il sait que plus il ira vite, moins sa vie sera en danger, un point c'est tout ! Quant à la douleur qu'il pourrait ressentir, elle est égale à celle de la dernière loche qu'il s'est avalé malgré les épines de ses nageoires ; et comme son cerveau est loin d'être aussi évolué que le notre, cela ne représente aucun danger pour lui ! Pour les très gros bestiaux style ignobilis, c'est exactement pareil, sauf que leur puissance est tellement supérieure à notre arsenal qu'ils ne prennent pas immédiatement conscience d'un problème, donc ils n'engagent pas immédiatement (et parfois jamais) le réflexe de fuite malgré notre intrusion dans leur vie...
Ceci étant dit, passons à la manière de mener à bien ce fameux combat et surtout de faire en sorte que les conséquences sur le poisson soit le plus minime possible, que ce soit pour le libérer (forcément !) ou pour le manger (plus un poisson s'épuise, plus sa chair se rempli de toxines).
Vous venez de ferrer, la prise a l'air d'être belle, vous aimeriez bien ne pas commettre la faute impardonnable qui risque de vous faire perdre un des plus beaux poissons de votre vie ? Voici comment procéder, tout en sachant très bien que la pêche n'est pas une science exacte et que tout peut arriver, du plus fâcheux au plus heureux.
1 | Cherchez à garder la canne toujours verticale, ou perpendiculaire au fil lorsqu'elle est couchée sur le côté, afin qu'elle joue son rôle d'amortisseur si un départ violent et très appuyé se produit (surtout avec la tresse), |
2 | Pour diminuer le fameux bras de levier, attrapez la canne avec la main libre (pas celle qui tient le moulinet) le plus haut possible, mais attention, certaines cannes ne sont pas prévues pour et elles risquent d'exploser (c'est du vécu, mais c'était une mauvaise canne), |
3 | Ne serez pas trop le frein, surtout avec la tresse, vous risquez de casser ou de passer à l'eau au prochain départ si le poisson est un bolide (au delà de 10 kilos de frein, c'est énorme !), |
4 | Mais n'hésitez pas à le durcir s'il est trop doux en procédant lentement, le bon réglage étant un frein au tiers de la résistance du fil (quoique pendant le combat, il est quand même un peu tard de s'inquiéter de savoir si son frein est bien réglé !), |
5 | En cas de nécessité de bloquer (poisson cherchant à gagner un abri), faites le avec la paume de la main sur la bobine, pas en bloquant le frein (attention, ça brûle !), |
6 | Ne tirez jamais en vous lançant en arrière d'un geste sec, la canne n'y résisterai pas, |
7 | Si le poisson s'éloigne vers une zone dégagée, laissez le partir tout en maintenant la tension. En effet, le poisson a moins peur lorsqu'il ne vous voit pas et il est alors plus facile à fatiguer car ses départs sont moins puissants, |
8 | Cherchez toujours à anticiper afin de l'éloigner des obstacles avant qu'il ne soit trop tard (je n'hésite pas à faire une centaine de mètres pour mieux me positionner), |
9 | Montrez-lui que c'est vous le chef, c'est à vous à prendre les initiatives, |
10 | Ne restez pas scotcher sur place, soyez au contraire dynamique, changez très souvent le bord d'attaque pour désorienter sa nage, |
11 | Ne combattez pas en permanence avec le poisson partant droit devant vous, essayez de le tourner pour qu'il se présente sur le côté, |
12 | Il vaut mieux marcher à reculons que pomper (faites 5 mètres en arrière et en revenant à votre point de départ, récupérez à fond le fil), c'est beaucoup plus efficace… mais toujours en prenant garde que cette action ne rapproche pas le poisson d'un obstacle quelconque, |
13 | Pompez avec vos cuisses (la fameuse "flexion/extension" des skieurs), vous économiserez vos bras et votre dos, |
14 | Ne cherchez à rapprocher le poisson que lorsqu'il est monté en surface, |
15 | Ne croyez pas que c'est "gagné" parce qu'il vient de "blanchir" en surface, soyez patient, |
16 | Dès qu'il a commencé à faiblir (il n'arrive plus à replonger, sa queue reste en surface par exemple), essayez de conclure en force (en marchant à reculons lorsque c'est possible), mais en étant prêt à rendre la main s'il lui reste suffisamment de force pour résister, |
17 | Et pour finir, échouez-le ! Si vous êtes en bateau, épuisez-le ou gaffez-le (sous la mâchoire, là où se trouve la pointe de la langue) ou prenez sa queue au lasso (requin surtout), mais ne cherchez pas à le prendre à la main, aucun poisson n'aime ça et il trouvera toujours au fin fond de son corps le restant d'énergie qui va lui permettre de repartir, mais à quel prix !!! |
Pourquoi vouloir "homologuer" une prise ??? Au mieux, vous êtes un scientifique, et ce poisson record vous interpelle (mais cela reste un "individu" d'exception dans une "population", donc n'ayant aucune influence dans les calculs de probabilité). Au pire, votre orgueil aurait besoin d'être tempéré.
La Nature a toujours produit des individus phénomènes (surtout dans les secteurs où l'homme la laisse totalement inviolée), l'APN permet facilement de les immortaliser lorsque nous avons la chance de croiser leur destiné, donc quelques photos, et retour à l'eau, pour 2 raisons :
Pour ce qui est de ces "tableaux" de poissons records, surtout ceux de l'IGFA, je suis totalement contre ! C'est de la masturbation, point barre ! Soit nous allons à la pêche pour nous nourrir, soit c'est pour notre plaisir ! Si notre plaisir consiste seulement à épater la galerie (avec gros bateaux, matos dernier cri, fringues de folie... et bien sûr recherche presque exclusive des poissons record), je ne suis plus d'accord, l'homme retombe dans ses vieux travers de "roi du monde" ou "maître de la terre et des océans" !
Ce besoin de voir son nom dans des tables de record pousse certains à "tricher" ! Quelques exemples :
Un peu d'humilité, SVP !
Dernière modification de cette page : jeudi 21 septembre 2006 à 09:03